Le temps est maussade au départ de Pont-Eveque mais surtout la neige, tombée la veille, est  bien présente  dés Grenoble dépassé. Le paysage, les arbres, les montagnes sont chargés d’une neige épaisse que l’on devine assez lourde. Le Col du Lautaret est ouvert. Il était fermé la veille. Le minibus du club qui transportait les skieurs de randonnée partis 6 jours dans le Queyras, a dû faire le tour par Gap. Une petite inquiétude donc pour monter. La route est de plus en plus recouverte de neige tassée par les voitures. Certains mettent les chaines. Dans le doute, nous les mettons aussi sur le minibus. Le Col du Lautaret atteint, nous nous insérons tout juste dans une place au parking pour une pause attendue et prévue depuis plusieurs kilomètres. L’épaisseur de neige est impressionnante à 2000m d’altitude. Au bar, je reconnais Gérard C. du CAF Grenoble-Oisans : ils vont à Cervière pour du ski nordique (ou de Rando ?). Un client de passage demande au serveur s’il faut les chaines donc pour le coté La Grave puisqu’il a pu monter sans, depuis Briançon. Réponse du serveur, qui a dû en voir d’autre : « avec des chaines, on fait le tour de la Terre, c’est marqué dessus !». Un peu penaud, de les avoir mises, nous nous éclipsons. La descente sur Briançon est sans problème, les chaines sont vite superflues. Passé Briançon, la Vallée de la Clarée se présente toute blanche de neige fraiche. C’est évidemment très beau.

Arrivés à Névache, raquettes sur le sac, nous partons pour le refuge du Chardonnet. La Haute Vallée est toujours aussi belle. La montée est tranquille ; le chemin est damé ! L’accueil au refuge est tellement sympathique que nous n’envisageons pas d’aller plus loin. Le programme est un peu modifié. Nous profitons au maximum du panorama sous le soleil depuis la terrasse du refuge. Des hautes Montagnes calcaires se dressent au loin mais la blancheur impeccable et l’immensité du replat où se situe le refuge sont reposantes. La bière y est aussi pour quelque chose. Nous nous retrouvons six dans le même dortoir avec quelques couchettes exigües mais confortables. Je retrouve un guide que j’ai connu lors d’un stage. Il accompagne des clients en ski de randonnée.

Le lendemain, nous échangeons sur les conditions de neige et après discussion avec le gardien (cool mais efficace) nous changeons notre objectif pour le Col du Raisin plutôt que le Col du Chardonnet, plus éloigné mais surtout un peu moins sécurit. Prêts plus rapidement que les skieurs de Rando (pas de peaux de phoques à poser) nous faisons la trace dans une blancheur immaculée ; un peu épuisant mais tellement agréable d’avoir l’impression d’être les premiers à poser le pied dans cet endroit. Nous serons les seuls à aller au Col du Raisin (2691m), les skieurs profitant de notre trace un temps se détournant pour un petit sommet arrondi : le Pic Ombière (2832m). La vue au col sur les Ecrins est splendide bien que masquée par des nuages. Voyant les skieurs plus hauts que nous, ni une, ni deux, nous prenons la crête pour rejoindre les premiers arrivés. Le vent souffle fort, très fort : rafales à 70km/h disait la météo, on ne doit pas en être loin. Un skieur plus téméraire essaie d’atteindre le sommet. Il renonce. Nous en prenons la direction. Il nous déconseille d’y aller. Sans jouer les trompe-la-mort, nous voulons tenter notre chance à quatre. Un peu plus haut, très prêt du sommet là où s’est arrêté le skieur, nous renonçons par sécurité. Le vent pousse fort à faire glisser tout de go les raquettes sur la pente, englacée, dégarnie, aux cailloux apparents. La neige, travaillée par le vent, a formé des sculptures naturelles, c’est beau. Nous descendons tout de même ;).

La descente est super sympa, certes plus encore à ski. Voilà qui fait vraiment envie à certain d’apprendre à skier et à randonner en ski. Nouvel arrêt au refuge du Chardonnet. Et là : casse-croute et… bière. Nous apprenons que le nom du Pic Ombière viendrait de Picon-Bière en rapport avec les nombreuses fêtes des propriétaires du refuge.

  Il nous faut rejoindre le refuge Laval maintenant. Nous avons le temps. Surtout le temps de chercher un cheminement dans une forêt assez pentue, évidemment recouverte de neige avec des ravins assez profonds à éviter. Le refuge Laval est vite en vue.  Il est beau ce chalet. La terrasse est aussi très accueillante avec une vue coté Italie somptueuse. Il fait cependant assez vite froid et après l’effort, nous optons pour le réconfort au chaud avec … une bière.

Le dortoir, là aussi que pour nous, est plus spacieux. Le refuge est bien entretenu, on s’y sent bien.

Gratin dauphinois et diots au menu : Nadine exulte, c’est son plat préféré.

Le matin est comme le précédent. Nous partons en tête faire La trace. Des skieurs nous suivent au loin. Nous montons en direction du Lac de la Culla (2467m), puis nous traversons en direction des lacs des Gardioles (2634m) (2688m) , (2725m). Un col nous tente, c’est le Pas du Lac Blanc. Les skieurs nous rejoignent et sont nombreux pour ce « spot ». Nous sommes les seuls en raquette évidemment. Nous passons au Col du Grand Cros (2849m). Il reste cent mètres de dénivelée pour atteindre le Pas du Lac Blanc à 2935m. Sans sac en prenant la crête, nous y arrivons sans difficulté. Certains skieurs s’apprêtent à redescendre du coté du Lac Blanc. C’est pentu et glacé, dommage que nous n’ayons pas les crampons. D’un autre coté porter trois jours les crampons pour cinquante mètres de dénivelée n’aurait pas été « rentable ». Nous redescendons par le Lac du Serpent (2448m) le Lac Laraman (2385m) pour arriver directement (très directement) sur le refuge du Ricou : bière 6€ L.

Long retour à marche rapide jusqu’à Névache sur la route damée de la Clarée, très empruntée ce jour de Lundi de Pâques.

Le retour est classique avec des bouchons à Bourg-d’Oisans.

 

Encore un lieu magnifique, pas oppressant malgré les grandes pointes qui se dressent comme le Raisin, la Moulinière ou la Pointe des Cerces. Les ballades à raquette paraissent innombrables tout autour. Les Drayères seront certainement une prochaine étape pour des randonnées en étoile.

Toute l’équipe a bien profité de ce séjour, dommage qu’il n’y est pas plus de places réservables dans les refuges.

 Pascal

J1: Névache 1600m  – Refuge du Chardonnet (2227m) D+650m/5km/3h15 –

J2 : Refuge du Chardonnet   - col du Raisin (2691m) – Pic Ombière (2832m) – Refuge du chardonnet - Refuge de Laval (2010m)  -1050/+850 / 10km  6h –

 

J3 : Refuge de Laval (2010m) – Lac de la Cula (2467m) - Lac des Gardioles (2634m)  col du Grand Cros (2848m) – Crête des gardioles – Pas du Lac Blanc (2935)- Lac du serpent – Lac de Laraman - Refuge du Ricou  (2115m) – Névache 1600m . D+1050/D-1500m  /16km.