Dates : 27-28 juillet 2024
Lieu : Ecrins – Cime du Vallon (3406m) – La-Chapelle-en-Valgaudémar
Activité : Alpinisme
Thème : course de neige
Participants : Didier BOISSARD, Louis COURBOIS (encadrant), Agnès POUZANCRE
Carte IGN : 3336ET – Les Deux Alpes
Déroulement du week-end
1er jour : samedi 27 juillet
- Montée jusqu’au refuge de l’Olan (2344m) depuis La-Chapelle-en-Valgaudémar
- Distance : 9,4km
- D+ : 1275m
- Durée : 5h00
En ce début de canicule, Agnès, Didier et moi-même décidons d’aller nous rafraîchir un peu à la montagne. Au programme : ascension de la Cime du Vallon depuis le refuge de l’Olan. Mais aujourd’hui, approche jusqu’au dit refuge. Réveil un peu matinal, car nous décidons de partir à 7h00 de Vienne. Pourquoi si tôt ? Afin de pouvoir prendre notre temps à la montée, mais aussi parce que nous craignons les bouchons qu’il pourrait y avoir sur la route… Eh oui ! Nous sommes quand même en week-end de chassé-croisé estival !
C’est donc parti pour 3h de route jusqu’à la vallée du Valgaudémar, que nous découvrons tous les trois.
A 10h30, nous entamons notre ascension tranquillement, depuis La-Chapelle-en-Valgaudémar. L’approche se fait sous un fort soleil estival, et sous une chaleur étouffante. Nous prenons des pauses aux rares endroits stratégiques de la montée : quelques arbres offrant une ombre bienvenue et deux torrents d’eau claire pouvant nous rafraichir un peu. La marche est belle, le sentier agréable (malgré le dénivelé !) : il mérite son titre de GR. Le sentier offre des vues sur de belles cascades, une fois à gauche, une fois à droite, plus ou moins proches, mais toujours magnifiques. Durant toute la montée, le village est visible en contrebas, soulignant l’effort que nous avons fourni jusque là – ce qui peut être bon ou mauvais pour le moral !
Vers13h00, nous déjeunons au bord d’un torrent, en profitant de l’ombre offerte par un ponton en bois. Il y a du débit, donc du bruit, mais au moins nous sommes au frais.
A 15h30, nous arrivons enfin au refuge. Le temps de se poser, de déballer les affaires et se rincer un peu sous la douche surprise, il est l’heure du goûter : nous nous offrons un verre de limonade ou d’eau pétillante, accompagné d’une tarte pour certains.
Le refuge est assez grand, mais il annonce quand même complet pour ce soir : 54 couverts. Conséquence de la fermeture de la vallée du Vénéon, située juste derrière ? Les randonneurs et alpinistes se rabattant sur les refuges à proximité ? Peut-être. C’est d’ailleurs notre cas !
Nous partageons un bon repas en compagnie d’un randonneur, venant reconnaitre la vallée, et de quatre alpinistes joviaux revenant de l’Olan, après 14h00 de course interminable. Nous ne tardons pas et allons nous coucher tôt, histoire de nous reposer avant le réveil à 4h00 du lendemain.
2ème jour : dimanche 28 juillet
- Cime du Vallon (3406m) Face SW :
o Depuis le refuge de l’Olan
o Cotation : PD II
o Distance : 12km
o D+ : 1050m
o Durée : 8h00
- Descente du refuge de l’Olan :
o Distance : 9,4km
o D- : 1275m
o Durée : 3h00
Pour cette grosse journée qui s’annonce, réveil à 4h00. Nous voulons partir tôt, un peu plus tôt que ce qu’a proposé la gardienne, afin de plus profiter du regel et éviter les grosses chaleurs de la journée. Les 7 autres personnes faisant la Cime du Vallon ce jour-là partent après nous, de 15min à 1h00 après.
Nous sommes à l’heure, réglés comme des coucous et partons à 5h00 tapantes, frontales allumées. Le sentier n’est pas trop mal tracé, nous atteignons le premier névé au bout d’une petite heure, après un début assez rocailleux. Pas besoin de cramponner, les pentes sont assez faibles pour progresser en tapant bien les carres. Le rythme est correct, le soleil se lève progressivement.
Un jeune couple nous rattrape vite. Nous discutons un peu, ces jeunes gens sont très sympas et souriants. Et dynamiques ! Ils mettent vite de la distance entre nous.
Nous devons alors franchir un 1e ressaut rocheux, avec un petit pas d’escalade, sur notre droite. Une petite faille indique facilement la voie à suivre. Rien de bien compliqué, mais nous sommes contents de ne pas avoir cramponné avant : le pas n’en est que plus simple !
Puis nous cramponnons et nous encordons, car les névés qui arrivent commencent à être pentus. Didier prend le lead, le cheminement n’étant pas encore très exposé.
La lumière est belle, le soleil éclaire majestueusement la pointe de l’Olan sur notre gauche et la Rouye derrière nous. Nous nous émerveillons peut-être un peu trop, car sur ces névés où la neige est peu dure et légèrement changeante, les glissades arrivent vite même avec crampons. Pour preuve : Didier fait 2 petites glissades, qu’il enraie aisément. Deux rappels à l’ordre qui nous impose de se reconcentrer.
Rapidement, un 2e ressaut rocheux se trouve face à nous. Nous passons un plus à gauche que la voie normale décrite, pour plusieurs raisons : l’escalade semble ici plus facile, nous pouvons donc nous amuser un peu ; nous sommes en avance sur l’horaire prévue ; le tracé semble plus naturel par là ; le couple devant nous est passé par là. Mais les 2 cordées qui suivent (de loin), leadées par des guides, prennent plus à droite : ils trouvent la neige plus rapidement que nous, et progressent donc plus vite. Surtout que nous enlevons crampons et corde pour être plus à l’aise sur cette grimpe facile et peu expo (pas de II). Le départ se faisant dans de la caillasse et quelques rochers instables, Didier fait tomber une roche… Heureusement personne n’est en-dessous. Il s’agit de notre 3e rappel à l’ordre : nous décidons alors de nous réencorder, trop de signes nous sont faits pour que l’on ne prenne pas de précautions. Je décide donc de terminer la course en tête, sur roche comme sur neige. Même s’il reste beaucoup à faire.
Notre progression est régulière jusqu’à la base de l’arête SE sommitale. Nous prenons encore une fois plus à gauche que sur l’itinéraire normal : cela nous permet de prendre un semblant de couloir pentu, où nous progressons face à le neige, pointes plantées sur une courte portion. Les cordées de guides avec clients étant restées sur les névés de droite, ils nous dépassent et arrivent au sommet peu de temps avant nous. Pour la descente, il sera plus facile de suivre l’itinéraire normal et de passer comme les autres cordées.
Nous arrivons au sommet à 9h30, au bout de 4h30 de montée. Nous sommes légèrement en avance sur l’horaire, sur les 5h00 initialement prévu. C’est donc au sommet que nous prenons une petite pause, afin de reprendre notre souffle, manger un peu et boire beaucoup.
La descente n’est pas aussi facile que prévu : la neige n’est pas assez dure pour planter les 10 pointes, mais pas assez molle en profondeur pour planter les talons. Avec les pentes empruntées, impossible de progresser face à la pente, la neige roule, peu cohésive. Nous plantons donc les carres ou dos à la pente (/face à la neige) pour planter les pointes. Plusieurs glissades sont enrayées lorsque Didier tente de se mettre face à la pente : heureusement que ses compagnons de cordée sont solides sur leurs appuis ! Il insiste, un quiproquo s’installe lorsque nous indiquons de progresser face à la neige. Mais nous enrayons les glissades qui arrivent alors qu’il ne fait qu’un seul pas.
Nous descendons donc tant bien que mal, plutôt lentement car l’esprit commence à être lourd après les 2 glissades de la montée et celles du quiproquo de la descente. Les désescalades se font bien, nous ne passons pas aux mêmes endroits qu’à l’aller ou presque. Je profite d’un petit passage de rimaye pour assurer les seconds avec un corps mort. Nous aurions pu nous en passer, mais je préférais diminuer les risques sur cette fin de course.
Vers la fin de course, les pentes s’adoucissent. Nous enlevons enfin la corde, plus gênante que sécuritaire, et nous permettons de descendre quelques mettre sur les fesses, en mode toboggan ! Rafraîchissement et sensations garanties.
Nous arrivons au refuge à 13h00, au bout de 8h00 de course. Pause bien méritée après cette course ! Nous retrouvons les cordées rencontrées plus tôt : le jeune couple s’enquiert de nos sensations et sur la course. Pour cette pause méridionale, tortillas et salade nous donnent envie. Nous partageons donc ces deux plats à tous les trois.
Nous repartons à 14h30, reposés à l’ombre du refuge, avant de descendre sous le soleil tapant de juillet et une chaleur encore plus intense que la veille. Les rares pauses à l’ombre sont nécessaires, l’eau et la crème solaire sont plus que jamais des éléments de sécurité. Mais nous parvenons enfin en bas du GR, au parking situé au bord d’un torrent.
A la place du traditionnel verre de fin de sortie, nous profitons de ce torrent pour nous tremper les pieds, à l’ombre des arbres. Quel bonheur de pouvoir se décrasser après tant d’effort ! Quelle joie de pouvoir se rafraichir sous tant de chaleur ! L’eau est d’une fraîcheur agréable, ce qui est rare pour une eau de torrent : nous pouvons rester pieds et jambes dans l’eau sans craindre la morsure glacée sur notre peau.
C’est ainsi que s’achève notre week-end au pied de l’Olan, dans cette vallée du Valgaudémar.
A bientôt pour de nouvelles aventures !