Alpinisme
-- Autour du refuge Robert Blanc --
Dates : 23-24-25 mai 2025
Lieu : Massif du Mont-Blanc – autour du refuge Robert Blanc / vallée des Glaciers
Objectifs : Mont Tondu et Dôme des Glaciers
Participants : Didier CHAVANON, Louis COURBOIS (encadrant), Olivier PETIT, puis avec Jérôme DOUTAZ et Marion le dimanche
Déroulement du week-end
1er jour : vendredi 23 mai
- Course réalisée : Montée au refuge Robert Blanc (2750m)
- Cotation : Randonnée
- Durée : 2h39
- Distance : 4,31km
- D+ : 793m
En cette fin du mois de mai, nous prenons la direction de la vallée des Glaciers, à la frontière entre le massif du Mont Blanc, la Haute-Tarentaise, et l’Italie.
La période est presque idéale : nous pouvons monter en voiture jusqu’au parking des Lanchettes, et donc nous rapprocher un maximum du refuge. J’ai dit presque ? Car oui, il a neigé 30-40cm au-dessous de 2400m… N’ayant pas nos raquettes, nous brassons donc pas mal lors de l’approche !
Nous finissons de nous préparer et de déjeuner à la voiture vers 12h15. Puis nous partons du parking sur les talons d’une aide-gardien pas comme les autres : il s’agit de la mère du gardien, accompagnée de son chien. Autant vous dire qu’elle connait le secteur ! Lorsque nous empruntons le sentier de randonnée estivale, elle, emprunte le sentier hivernal (malgré l’absence de neige !) tout en nous surveillant de loin lorsque nous prenons pied sur les névés… Une vraie locale !
L’approche se déroule bien, le temps est clément et doux. Vers 2400m, la neige devient omniprésente. Encore 350m de D+, à brasser dans la neige, avant d’arriver au refuge… Mais nous y arrivons en milieu d’après-midi. Le temps de nous installer, puis de faire quelques ateliers de révision : pose de coinceurs, création de corps mort, mouflage simple. Il commence à faire froid passé 17h00, nous rendrons donc vite nous sécher, nous mettre au chaud et prendre l’apéro. Bizarrement, le chien de la mère-gardienne ne nous reconnait pas… Il nous grogne dessus pour défendre son refuge ! Notre sueur a dû changer notre odeur… Nous découvrons aussi le chat des gardiens, très à l’aise avec les inconnus. Mais qui n’hésite pas à attaquer malgré tout… Heureusement que les gardiens sont bien plus chaleureux !
Le repas est copieux : lasagnes végétariennes, une plâtrée pour 10 alors que nous sommes 5 dans le refuge… Heureusement que la compote en dessert vient alléger tout ça. Nous allons ensuite nous reposer pour la grosse journée du lendemain.
2ème jour : samedi 24 mai
- Course envisagée (non réalisée) : Mont Tondu par le Col du Mont Tondu et l’arête E
- Cotation : PD / 2
- Durée : 6h50
- Distance : 3,34km
- D+ : 345m
Réveil à 4h30, ça pique un peu… Mais la nuit fut confortable : non seulement nous n’étions que 3 dans le dortoir, mais les matelas sont spacieux et la température douce.
Nous voulons profiter du regel pour faire l’ascension du Mont Tondu, par le col du Mont Tondu et l’arête Est. Le gardien nous a indiqué que les câbles d’accès au col étaient découverts, mais avec quelques trous de reptations à franchir…
Nous partons du refuge à 6h00, le temps de bien fixer le matériel de chacun. Arrivé dans la vallée du glacier des Lanchettes, nous apercevons le col. Et la grande paroi verticale qu’il surplombe… Par où passent les câbles d’accès ? Nous sommes encore trop loin pour le dire. En nous rapporchant, un malheureux nuage vient nous tomber dessus, rendant impossible le repérage des câbles de montée… Un choix s’impose : se rapprocher des parois san trop de visibilité ? Renoncer ? Envisager autre chose ?
Heureusement, nous avions repérer un peu plus tôt un couloir de neige plutôt engageant, situé entre le col du Mont Tondu, à l’Ouest, et l’Aiguille des Lanchettes, à l’Est de ce couloir. Avec un peu de chance, nous pourrons prendre pied sur l’arête pour ensuite accéder au col. Même si niveau horaire, nous aurions tout explosé. Quitte à faire l’Aiguille des Lanchettes à partir de ce couloir, situé à son aplomb direct.
Nous montons donc ce couloir de neige, en brassant toujours la neige tombée jeudi et dans la nuit, qui ne s’est pas encore bien tassée. Arrivés à la brèche, nous nous rendons compte que l’arête pour rejoindre n’est pas très engageante… Ni même la paroi pour accéder à l’Aiguille : tout est enneigé ; pas de protection mécanique possible ; l’engagement est fort ; et la difficulté technique surpasse les compétences acquises d’un membre de la cordée. Conclusion : demi-tour !
En bas du couloir, la vue sur le col du Mon Tondu s’est dégagée. Nous décidons donc de rechercher les câbles d’accès, que nous repérons en descendant. L’heure tourne, mais nous décidons de monter jusqu’au col par ces câbles. Le début est complètement sous la neige, nous rejoignons les câbles bien dégagés situés à l’aplomb de la paroi. Nous progressons lentement, sur un terrain mixte. Mes compagnons de cordée apprennent à progresser dans ce terrain, en dynamique. Un peu avant le col, l’heure étant très avancée (presque 11h00 !), et l’exposition aux corniches nous surplombant, finissent de nous convaincre de faire demi-tour.
Retour au refuge vers 13h00. Les conditions étaient véritablement hivernales, mais l’expérience en alpinisme réelle. Vu la pente du couloir, nous pouvons coter la course à du PD- mini. Sans les câbles, l’accès au col aurait constitué une véritable course mixte, elle aussi en PD mini. Il y avait de quoi protéger, mais principalement par saison sèche.
Déjeuner, puis petite sieste avant l’arrivée de Jérôme et Marion qui nous rejoignent pour le Dôme des Glaciers prévu le lendemain. Le refuge est bien plus rempli, avec une quinzaine de personnes pour la nuit. Nous repérons quelques groupes qui prévoient la même course que nous, ce qui nous rassure niveau préparation et traces.
3ème jour : dimanche 25 mai
- Course envisagée (partiellement réalisée) : Dôme des Glaciers par l’arête des Lanchettes
- Cotation : PD- / 2
- Durée : 7h15
- Distance : 8,79km
- D+ : 367m
- D- : 1 120m
Une fois n’est pas coutume, réveil à 4h30. Nous démarrons les montres à 5h30 : notre préparation a été plus rapide qu’hier. L’approche jusqu’à l’arête se passe comme prévu, en moins d’1h30. La trace est faite par un groupe qui nous devance de 10min, mais que nous rattrapons et doublons au départ de l’arête.
Jérôme et Marion font une cordée de 2, et partent devant. Je lead ma cordée avec Didier et Olivier. Quelques pas de mixte ponctuent une magnifique arête enneigée, disons même gavée de neige. La course est belle, et l’arête aérienne. Aucune protection ne peut être posée, nous assurons donc nos pas. Heureusement que 2 gaillards devancent Marion et Jérôme pour faire la trace.
Belle course d’arête, nous alternons entre montées, descentes, zigzag entre corniches et quelques petits ressauts rocheux nécessitant un assurage à la taille pour les moins aguerris. Didier fait offrande de son TiBloc au Glacier de Tré la Tête, avant de perdre son ficelou que je rattrape de justesse. Olivier tente de l’imiter avec son piolet, en le laissant s’échapper du sac. Mais celui s’arrête près de nous : 2 pas sur une paroi et je le récupère tant bien que mal. La sotie risquait de coûter cher au club !
Nous atteignons le col des Glaciers au bout de 3h00, vers 8h45. La partie facile vient d’être avalée, la partie technique doit suivre. Sauf que nous sommes un peu juste niveau horaires… Atteindre le col du Moyen-Âge devrait prendre, au rythme actuel, 2h30 environ. Alors qu’il s’agit de la partie vraiment grimpante… Et il resterait la partie enneigée, avec 300m de D+… Bref : nous ne serions pas au sommet avant midi, dans le meilleur des cas. A cause des risques avalanches et crevasses, nous décidons donc de prendre l’échappatoire au col des Glaciers.
Nous sommes rassurés de voir les cordées de devant et de derrière prendre la même décision que nous. L’esprit est ainsi plus serein, malgré une légère déception de ne pas pouvoir continuer. La course aura tout de même été belle.
Après une descente en neige, nous atteignons les vires où un rappel devait nous attendre. Mais celui doit être sous la neige, car nous ne réussissons pas à le repérer, ni même les spits qui jalonnent la descente. Les vires restent praticables en désescalade, malgré l’enneigement conséquent. Un moulinage sur becquet est néanmoins nécessaire, pour assurer mes seconds qui apprennent à utiliser leurs crampons sur rocher. Un petit tobogan termine la descente des vires, et nous prenons pied sur la moraine du Glacier des Glaciers.
Nous déjeunons tranquillement : la balade glacière ne tente pas Didier, qui a eu sa dose d’adrénaline pour la journée. Nous entamons donc la descente jusqu’au parking, en passant par la moraine du glacier jusqu’à son pied.
La descente est rapide, nous finissons de déjeuner au parking avant d’aller prendre un petit verre de débrief aux Chapieux.
Beau week-end, ponctué de nuages et de plans B, mais avec une belle ambiance montagne et un groupe au top ! Il faudra revenir en saison plus estivale afin de comparer les conditions. Ou au contraire : revenir avec les skis.