MONTAGNE DE SULENS

 

Aujourd'hui nous amenons nos raquettes au pays du Reblochon. Le départ de notre randonnée se situant au Plan des Berthas sur la route du col de Plain Bois à quelques kilomètres au sud de Thones. 

Se garer le long de la route près d'une chapelle et monter droit dans la pente pour rejoindre le col de Plain Bois et son auberge (1299m). L'itinéraire se poursuit en forêt pendant une petite demi heure jusqu'au chalet de la Croix de Sulens (1452m) Après quelques lacets au dessus du chalet le chemin repart vers la droite en direction d'une combe. Laisser sur la droite vers 1600m quelques chalets et poursuivre pour atteindre le col (1740m) entre la montagne de Sulens à gauche et le petit Sulens à droite. Ne pas passer trop près des pentes de la Montagne de Sulens qui sont très avalancheuses. Poursuivre sur l'arête jusqu'au sommet (1839m) et ses tables d'orientation.

Le retour s'effectuera par le Petit Sulens et son prolongement pour rejoindre le chemin de montée vers les chalets (1600m)

Randonnée très fréquentée en particulier par les skieurs de randonnée. Parking du Plan des Berthas envahi par le Club Alpin d'Annecy qui organisait ce jour et avec grand succès une sortie initiation.

Au sommet belle vue à 360° : Aravis, Bauges, Bornes.

Pour les amateurs de Reblochon...

Distance : 11km

Dénivelé : 700m

Carte : Ign 3531 OT

Participants : Chantal, Evelyne, Nadine, Christine, Jérôme, Michel, Pascal, Philippe, Etienne, Paul, Fabrice, Georges

 

On a perdu Etienne !

Nous sommes douze pour cette rando aussi facile qu’agréable. Pourtant pendant un temps, nous n’étions plus que onze : mais où est Etienne ?

C’est une histoire sans conséquence, mais qui doit interpeler sur ce qui est  appelé « les facteurs humains » dans une aide à la prise à la  décision. Ici ce n’est que l’histoire d’une belle randonnée à raquette.

Comme il se doit au Club Alpin, la sortie est annoncée sur le site. Georges en est l’organisateur et l’encadrant principal. Je me suis inscrit à cette sortie pour le plaisir d’être avec des amis de sentiers et de respirer la vue des montagnes. De part mes différentes fonctions au club alpin : initiateur et DTR (Délégué Technique Régional) en randonnée montagne, randonnée alpine et raquette mais aussi faisant de nombreuses formations en tant qu’instructeur en randonnée, cartographie, neige-avalanche et membre dans des instances régionales et fédérales et encore président du club, j’ai forcément d’office un statut un peu spécial à minima de co-encadrant de fait dans cette sortie correspondante à mes compétences.

Il a beaucoup neigé cet hiver mais la nivologie est favorable ce dimanche avec un niveau de 2 au BERA (Bulletin d’Estimation du Risque d’Avalanche) et encore à partir de 2000m. Nous montons à 1800m. La météo est conforme aux prévisions : ciel voilé avec éclaircies dans la journée. Pas de vent significatif. Pas de pluie ou neige annoncée. Une température assez basse mais sans plus -5° /+2°C. Le manteau neigeux est épais. La sous-couche est transformée par des redoux et de la pluie mais du coup dure voire glacée en surface parfois sur une bonne épaisseur 15...20…40cm selon les endroits, recouverte par une très agréable couche de neige fraiche une peu lourde, pas trop :  le top !  La pente est très modérée, toujours inférieure à 30° sur le parcours, plutôt à 20 ou 25°. Les participants du groupe, un peu plus nombreux que la moyenne habituelle, sont habitués à randonner, y compris en hiver avec des raquettes. Nous avons fait les essais DVA au début : tout le monde est équipé et opérationnel.

Il est 12 :10 lorsque Nadine tend son appareil photo à une des nombreuses personnes lorsque nous sommes TOUS au sommet à 1839 mètre d’altitude. La vue panoramique est remarquable, la neige redessinant les contours des sommets et les nuages teintant des couleurs d’hiver le ciel en 3D. La Montagne de Sulens a  l’apparence d’un grand dos  de cétacé. Sa crête s’étend peut-être sur un kilomètre, jalonnée ce jour-là de près de cent personnes sur tout son long. Nous sommes arrivés à notre but, c’est le moment attendu et traditionnel de faire la pause de midi, là, au sommet, au point culminant de la randonnée.

Alors que nous commençons à chercher le meilleur endroit pour le pique-nique, il est décidé d’aller un peu plus loin, là où les groupes sont plus espacés et pour profiter au mieux de cette belle crête débonnaire. Deux, trois cent mètres plus loin, nous nous installons pas très loin d’un petit groupe dans lequel je reconnais un représentant du comité directeur de la fédération avec qui j’échange quelques mots et une bonne blague :

- Vous avez droit à combien de perte vous ? me lance-t-il.

- Ah ! Nous à Vienne c’est zéro, nous n’avons pas droit aux pertes, nous sommes un trop petit club !

Je ne croyais pas si bien dire.

Assis dans la neige, chacun profite du moment, respire l’air sec de la montagne qui fait de si bon saucisson, écoute le silence immobile de la neige, se restaure le corps pourtant pas épuisé par cette ballade facile. Les agapes terminées nous repartons. Georges confirme l’option prévue qui consiste à revenir sur nos pas et faire une petite boucle pour rejoindre un chalet puis le chemin pris à l’aller. J’en ai que pour rechercher une pente raide mais sans risques, pour la dévaler en luge et remonter pour rejoindre le groupe. Et c’est là que :

-      Mais où est Etienne ? il n’est pas là ?

Non Etienne n’est pas parmi nous.

On a perdu Etienne !

Nous ne nous en étions pas rendu compte, trop absorbés par le petit bonheur d’un moment de quiétude. Paul cherche à le joindre par téléphone : ça ne passe pas, tente à nouveau, finit par l’avoir. Ouf ! Etienne est redescendu au chalet avant que nous mangions, pensant que nous faisions qu’un aller-retour sur la crête pour redescendre et mange ensemble.

Pas de mal… mais tout de même : je m’en veux. Comment avec toutes les formations que je donne où je rabâche qu’il faut rester grouper, avoir un œil sur chacun, ai-je pu oublier quelqu’un ? Je n’ai pas recompté régulièrement les participants. Je ne me suis pas aperçu qu’il manquait une personne. Est-ce la démobilisation de l’attention à n’être « que » co-encadrant et pas directement responsable de la sortie. Est-ce ma forte envie de dévaler en luge sans plus être trop attentif au groupe ? Est-ce parce que le groupe étant un peu plus important que d’habitude, n’ayant pas pris le soin de compter physiquement chaque personne mais je m’en suis simplement tenu à une impression : nous sommes tous là ? Est-ce l’ambiance décontractée de cette sortie, la météorologie clémente, un risque avalancheux limité, la fatigue de la semaine ou le besoin de s’évader et ne plus penser à rien ou qu’à soi ?

A la réflexion sur cet incident minime, quasi infime et sans conséquence, nous entrons dans le domaine des facteurs humains. Alors que toutes les conditions sont réunies pour que les voyants soient au vert, un défaut de remise en question incessante, laisse la place au début du commencement d’une situation à risque. Pendant un temps, nous n’étions plus douze, Mais onze.

Je relate là un évènement banal comme il s’en passe dans toutes les sorties. Personne n’est à montrer du doigt. Souvenons-nous simplement qu’il est bon de rester vigilant à tout moment.

Et dire que j’ai même oublié de faire un débriefing au moment de l’excellente bière prise au bar du Col de Plan Bois… !

 

Pascal


 

Date de début : dimanche 14 janvier 2018

Nombre de jours : 1

Lieu : Montagne de Sulens / Bornes - Aravis

Nombre de participants : 12

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